samedi 30 septembre 2017

Automne

    Une fois, j'ai lu cette phrase sur un blog anglophone : It's this time of year again. Nous voilà à nouveau à cette période. Le côté cyclique, rassurant, rituel de l'avancée du temps.
    Le mot Autumn existe sous forme de prénom, d'ailleurs, il me semble. Automne. Jolies sonorités. J'aurais pu le donner (mais n'ayant que des garçons, ç'eût été risqué… si la calvitie les avait gagnés à l'âge adulte…Eh, Automne ? tu perds tes feuilles ? )
    Je ne trouve plus que quelques rares noisettes au milieu des brins d'herbe. Je chipe des noix tombées sur la route en allant chercher les enfants à l'école. Certains feuillages s' empourprent. On retrouve les courges et potirons dans tous les jardins. Et je commence à me demander comment préparer un calendrier de l'Avent (oui, je sais - c'est bien trop tôt). J'adorerais cette année préparer un Fort Boyard en carton (ils en sont fans) et que chaque numéro soit une petite case-défi à tirer. Ça c'est dans ma tête. ..dans les faits. ..
    Les petits regardent Yétili. Mon bébé vient de finir son quignon de pain, de toute la force de sa dent et demie, râlait, désoeuvré, mais vient de trouver un nouveau jeu : balader la chaise de son père en agrippant le dossier.
    Samedi matin paisible !

vendredi 29 septembre 2017

Attente

 
    Matinée calme. J'ai déposé les enfants à l'école pour la journée, le petit chez nounou jusqu'à midi. Je lui ai dit, en début d'année, que le vendredi je travaillerais à la maison le matin. Bien sûr que c'est faux, ou que l'idée qu'on s'en fait est fausse : non, je ne corrigerai pas des copies. Je vais lire, écrire, prendre le temps de penser, d'arranger la maison. Tout ce que je ne trouve pas le temps de faire d'habitude autant que je voudrais, faute de calme. Alors oui, je vais travailler, à ma construction et celle de notre environnement plus qu'en ouvrant mon sac de cours.
    La maison est vidée de ses occupants, sauf moi. L'homme est parti faire de la photo. Ne restent que les objets. Petites choses sans importance mais qui parlent tant de leurs propriétaires. Dans le lit de mon grand, la peluche de mammouth gagnée aux Virades dimanche, qui cache un doudou girafe tête en bas. Les draps froissés par son corps, la petite malle où il range ses livres, une boîte Fort Boyard en métal, un petit réveil Ikéa. Derrière, sa lampe et, bien planquée, une petite bouteille pour les soifs nocturnes.

    (interruption en direct par un message de l'homme, parti donc à quelque 30 kilomètres pour un petit reportage photo…"carte mémoire restée dans l'ordinateur"… dommage ! De l'intérêt de prévoir une petite carte bonus dans ses affaires la prochaine fois. Notons qu'il avait bien pensé à la batterie de secours…)

    J'aime bien regarder ces traces de vie. Ces choses qui portent en elles les derniers gestes de chacun. La couette repoussée, le doudou lancé près du parc (modèle superhéros envoyé du Japon par une amie, tout près du tapis, qui bouffe la poussière depuis hier soir en attendant que bébé rentre), le bol et ses miettes visqueuses au fond de l'évier. Le vêtement en boule, la tache de chocolat chaud sur la serviette de bain, l'objet posé là il y a deux mois pour délester des mains encombrées et qui te regarde, amusé, à chaque fois que tu passes devant, alors que tu ne le vois plus.

    Ce que beaucoup appellent du désordre. Et ç'en est, assurément. Ce que je trouve joli à regarder parce qu'il me rend la présence de mes enfants en leur absence ; et en silence, s'il vous plaît. Ce qui entoure leur corps, en porte encore les contours. Sentir la tiédeur au fond d'un lit alors que mon moyen est déjà au rez-de-chaussée. Je remets toujours la couette sur le lit, le matin. Il paraît qu'il faut aérer, les acariens, tout ça. Je m'en fous. Je préfère garder la tiédeur.

    J'y pense souvent pendant les catastrophes. Tous ces faits divers ou ces terribles nouvelles qui fauchent des vies au hasard. Cette femme emportée par sa voile de kite surf cet été, sur la plage d'à côté, et qui a succombé à ses blessures - on n'a eu vent de cette histoire, quelle ironie cette expression, que le lendemain. Elle n'avait pas trente ans et venait pratiquer son sport, loisir, détente. Il y avait sûrement chez elle du linge froissé dans un coin, des chaussures dans l'entrée, un marque-page dans un livre près du lit dont l'oreiller conservait l'odeur de son shampooing, de la vaisselle sale dans l'évier, un reste dans le frigo qui ne sera jamais terminé. Comme ce doit être dur pour ceux qui restent. Retrouver tout ça. Sentir cette vie encore tiède, encore si proche, mais qui ne reviendra pas. 
    Je me souviens de ce détail, après l'attentat au Bataclan. Un policier, je crois, qui racontait l'horreur au milieu des cadavres et des vapeurs de sang quand, peu à peu, les portables, dans les poches, sous les corps, se sont mis à sonner. Les proches. Le dernier lien. L'appel en absence suprême. Cette fragilité-là de la vie, cette violence inouïe, est profondément dérangeante.
    Alors pourquoi y penser ?
    Quand ma mère est morte, les fois où je retournais chez mon père, j'étais terrifiée à l'idée de me tromper en mettant le couvert. De poser sur la table une assiette à sa place à elle, celle qui restait vide à présent. Cela aurait voulu dire que je ne l'avais pas intégré. Cela aurait surtout ravivé la douleur de mon père. 
    Ce n'est pas arrivé. Mais j'y ai pensé longtemps. J'y pense encore quand j'ajoute les assiettes pour l'homme et mes deux plus grands. On a regarni la table. On ajoute des couverts. La vie a vaincu. 

    Pourquoi ces pensées morbides ? Parce qu'elles ne le sont pas. Ces petits dérangements, ces taches, ces désordres, c'est la vie. Profondément. L'ordinaire absolu. L'innoncence du quotidien, l'insouciance de la bonne santé.
    Si vous avez laissé une tasse sale dans votre évier, un marque-page dans votre livre, soyez heureux. Ils vous attendent, patiemment. Ils comptent sur votre retour. Votre vie continue. Quoi de plus incroyable ?

    

jeudi 28 septembre 2017

Réveil

    Il est 5h38. L'homme vient de se tourner dans le lit, encore endormi. Le tapotement de la pluie sonorise la chambre et me fait anticiper le trajet jusqu'au travail tout à l'heure : phares de voiture, pare-brise trempé, circulation alternée puisque j'y ai droit chaque matin depuis dix jours. 
    Les enfants dorment. J'ai encore du temps avant la sonnerie officielle, celle de 6h15, celle qui lance les hostilités, préparer petit dej, sacs dans voiture, se préparer, réveiller enfants, habiller / faire déjeuner tout le monde, en voiture, zou.
    Je vais lire un peu. J'ai fait mes trois minutes d'assouplissement des matins où je me lève, en bas, sur le tapis du salon. J'ai quand même eu du mal à la sonnerie de 5h et n'ai rouvert les yeux qu'un quart d'heure plus tard. Mon inconscient doit savoir que ce ne serait pas si grave de me rendormir - puisqu'une deuxième sonnerie arrivera - mais que c'est dommage - puisqu'il finit toujours par me réveiller suffisamment en amont pour que j'aie ce temps de calme matinal.
     5h44. Il est temps que je plonge dans la fiction.

mercredi 27 septembre 2017

Excès

    La photo est aussi floue que je me sens vaseuse à la contempler : trop, beaucoup trop de nourriture dans le frigo.
    A ma décharge, les grands sont rentrés ce week-end, sans préciser quand / si ils mangeaient là, ce qui fait que j'ai choisi de prévoir leur présence à chaque repas (on ne va pas les affamer non plus) alors que l'un des deux seulement a déjeuné une fois ici, et basta. Mais ça évidemment, eux-mêmes ne le savent pas à l'avance.
    Bref. Je ne vais pas me plaindre de l'abondance. En revanche, continuer à préparer les menus de la semaine comme depuis le début du mois. J'ai préparé un tableau hebdomadaire avec trois idées de plat par repas (midi et soir), en intégrant une entrée, un dessert à chaque fois. Je déteste l'idée du "lundi ravioli", qui me rappelle la monotonie des plats dans mon enfance, d'un autre côté la rotation prévue allège beaucoup l'esprit. Avec trois choix par repas on peut vite préparer les menus de la semaine sans choisir les mêmes aliments tout le temps. 
    Et ce week-end, l'un des deux rentre, mais je ne sais pas quand. De la famille dimanche. J'adapterai !
    C'est psychologique en tout cas : un frigo vide, ça me rend dingue. Mais bon… trop c'est trop !

mardi 26 septembre 2017

Champ de bataille


    Je déteste débarrasser la table.
    Longtemps je me suis (…couchée de bonne heure ? même pas) tancée et accusée d'être une vilaine flemmarde. Puis j'ai fini par analyser : pourquoi je n'aime pas ça ? quel geste me dérange quand je range ?
    - d'abord, le fait que tout le monde s'étale sur la table puis disparaisse mystérieusement au moment de résorber l'hémorragie alimentaire. Sur cette photo c'est un mauvais exemple puisque l'homme s'est proposé de ranger lui-même - mais j'avais une photo à faire ! 
    - c'est le fait de de voir affronter une table de plein de choses à traitement différent : ça dans l'évier, ça dans tel placard, ça dans tel autre, ah tiens ça c'est propre, ça c'est sale, ah poubelle, ah ça non poubelle recyclage, et ça au compost, non, les poules le mangeront…
    - et le top : les miettes à ramasser ! rien qu'à y penser j'en frissonne. J'ai récupéré une toute petite brosse qui est parfaite pour les miettes sèches et m'a presque réconciliée avec une partie du nettoyage post-repas. Mais dès que c'est mouillé, il faut attaquer à l'éponge. Se mouiller les doigts, frotter…rincer, jeter… j'aime pas.
    Moralité : non, je ne suis pas une vilaine flemmarde.
    Je suis une vilaine flemmarde un peu délicate.
    Non mais sans rire, ma charge mentale, quoi…
    Précisons que la photo correspond à l'après-goûter d'hier. Au premier plan, un couvercle de petit laitage destiné à mon bébé, qui a craché le tout au bout de trois cuillères, et mangé finalement par mon moyen. A côté, le truc informe est un quignon de pain mâchonné par mon bébé qui, malgré la possession d'une dent et demie seulement, est étrangement efficace à cette tâche. Puis planche à pain et couteau, pot de miel, verres, peau de banane, tasse de thé et son filtre, bidon de sirop, biscuits à la fraise (oui oui, tout bien chimique et industriel, parce que des fois le mal ça fait du bien) et au fond, abandonné lâchement, mon sac de pique-nique, pourquoi a-t-il échoué là ?
    J'aime pas débarrasser.
    J'aime pas non plus les tables en désordre. Heureusement !

lundi 25 septembre 2017

Envol


    Opération ailes recollées : check ! non sans mal d'ailleurs. Ma super glu est vraiment super puisque les ailes se sont brisées à un endroit différent de la dernière fois. Ce qui signifie que les failles recollées précédemment étaient assez solides pour résister à la chute.
    La voilà repartie pour un nouveau souffle, avec quelques dommages collatéraux guère visibles pour les non avertis. Disons que si elle finit vaporisée façon puzzle, j'envisagerai d'acheter sa jumelle toute neuve… Pour l'instant, non. Elle a son histoire, ses petits accidents. Tant qu'elle est reconnaissable…

    Dans la série légèreté, nous sommes allés hier aux Virades de l'Espoir et les enfants ont vu leur premier lâcher de ballon. Moi aussi, en fait, mais ça sonne mieux quand tu as 7 ans que 38… Y voir une ancienne élève, atteinte de mucoviscidose (comme une petite à l'école des garçons) et qui va bien. Se dire que "Ah, oui, 48 ans, la moyenne d'âge a bien avancé"… et que c'est quand même très peu pour horizon, pas moyenne d'âge d'ailleurs, espérance de vie, pour les malades. Regarder ces ballons s'éloigner. Louer la symbolique. Frémir quand même en entendant le présentateur expliquer que partout en France, un million de ballons sont lâchés en même temps, et penser au continent plastique qui résulte de la pollution des mers… Et si on inventait des ballons biodégradables, comme ceux des sachets en amidon de maïs ? Oui je sais, avec l'hélium, le vent, ils ne tiendraient pas. Tout de même.
    Alors d'accord. Polluons un peu. Mais trouvons vite un traitement ! que tout cela devienne délicieusement ringard. Que les générations futures se demandent pourquoi on en faisait tout un plat, à notre époque, de la mucoviscidose - puisqu'il existera une solution.

dimanche 24 septembre 2017

Fracassée


    J'ai sur mon bureau, depuis près de deux ans, une petite statuette de la Victoire. LA Victoire, la grande, la sublime. La Victoire de Samothrace. Je l'ai achetée au Louvre, la fois où nous y sommes allés deux dimanches de suite - certes, c'est à 250 kilomètres de chez nous, mais les circonstances… La première fois, mon homme s'est fait arrêter au portique d'entrée car la sonnerie a révélé la présence d'un objet illicite dans sa pochette : oups. Son vieux Laguiole. Oublié là car ne servant presque jamais. En repartant, le guichet de la Porte des Lions venait de fermer et il était trop tard pour récupérer l'objet. Un objet qu'il possède depuis plusieurs décennies… ennuyeux… Et nous nous sommes dit : Pourquoi ne pas revenir ? c'était au mois d'août. Il faisait beau. Mon grand voulait qu'on aille "voir les os" (le musée de paléontologie au Jardin des Plantes), il avait aperçu les squelettes à travers les vitres, on n'avait pas eu le temps.
    On y était retourné. J'avais fomenté l'achat de cette statuette pendant la semaine, car la Victoire, ah…. j'en parlerai une autre fois peut-être. Quelle oeuvre.
    J'avais décidé que 2016 serait L'Année de la Victoire. Elle trônerait sur mon bureau, elle guiderait ma vie. J'avais élaboré un planning de 60 lectures pour l'année et autres projets pharaoniques - en fait, non, je lis une centaine de livres par an les bons crus, simplement en avoir une partie à titres imposés c'est sous-estimer ma capacité à vouloir lire mille autres choses en même temps et en plus. 
    J'avais décidé que ce serait une année sans achat, pour reproduire l'expérience de 2012. 
    Au bout de quelques semaines, ma Victoire s'est fracassée. J'ai oublié les circonstances. Je la vois juste écrasée au sol, les ailes brisées.
    Au moins, rien à craindre pour la tête. Soyons positif.
    Quand même, ça avait tout du mauvais présage. J'aurais pu craindre, protester. J'ai refusé. Quoi ? Victoire brisée ? recollons les ailes ! Replaçons-là au même endroit, oui, là, dans l'angle ! même pas peur !
    Les traces de casse étaient quasi indétectables. Cette année 2016, je suis tombée enceinte, mon petit-dernier-espéré-à-peine-rêvé est arrivé, et j'ai lu tous les livres de ma liste (avec un rythme frénétique fin décembre, pour boucler, mais bon).
    
    Ce matin, à nouveau, elle a chuté. Par ma faute ! je cherchais un post-it dans la trappe du bureau, d'habitude, du bout des doigts je trouve sans problème. C'est qu'on regarde un épisode des Mystérieuses Cités d'Or chaque dimanche (l'ancienne version, d'époque, celle devant laquelle je rêvais au monde inca) et on ne se souvient jamais du numéro d'épisode où on en est. En soulevant la trappe, l'ordinateur de la-copine-du-grand a légèrement glissé, poussé la Victoire qui, à nouveau, en a perdu ses ailes. J'ai pesté. Fort. C'était ma faute, j'aurais dû anticiper le mouvement.

    Et puis après tout. Je vais réparer, encore une fois. Ce sera parfait, ou pas. Ce sera ma victoire quand même. Alors oui, j'ai accumulé un retard non négligeable sur mon planning de lecture… je l'ai laissé tomber cette année, soyons claire. Je voulais lire tout Zola, non, tous les Rougon-Macquart. Je suis enlisée dans La Faute de l'Abbé Mouret, détournée par mille autres gourmandises à lire. Très bien, La Recluse, d'ailleurs. Retrouver les personnages de Vargas, Adamsberg, Retancourt, Danglard… et d'autres. C'est un des quinze livres que j'ai entamés en ce moment.

    Je refuse les mauvais présages. Ils sont abdications. Après tout, ce rhume, je ne l'ai jamais récupéré ! au bout de dix jours je me permets d'être optimiste. 

    Alors cette Victoire, je vais la recoller. Et puis j'ai de la compote à faire pour mon bébé, les pommes du jardin, véreuses, bonnes mais abîmées, sauf un petit arbre, là-bas, au fond, qui résiste. Mon pote immunitaire.

    Compote ! Victoire ! Dimanche !

samedi 23 septembre 2017

Retraite

    Hier soir, nous sommes allés au pot de départ de Catherine, organisé à son insu par les maîtresses. Catherine, c'est "la dame de la garderie", qui s'occupe des enfants matin et soir, qui a un côté franc du collier et ne mâche pas ses mots mais d'une générosité sans faille. L'an dernier, quand je ne savais jamais si / quand j'allais accoucher, si / quand on devait laisser ou non les enfants en garde, elle a été arrangeante au possible.
    Elle part donc en retraite mercredi. A priori, un moment que beaucoup de personnes attendent avec impatience. Faire tout ce qu'on veut de ses journées. Décider de sa vie. 
    Mais perdre du lien social aussi. Ne plus avoir l'obligation de se lever, de faire les choses. Très déstabilisant pour certains, j'imagine. C'est quelque chose qui se prépare, qui s'anticipe. Qui doit être follement agréable quand on est bien entouré, qu'on a des activités à en exploser un emploi du temps, qu'on occupe déjà beaucoup ses journées par soi-même. Pour quelques personnes ce doit être plutôt la sensation de se sentir éjecté du système. On n'a plus besoin de vous. Voilà ce que signifie ce passage. Ce qui ne pose aucun problème si, simplement "on n'a plus besoin de vous au travail" mais qu'on a besoin de vous ailleurs, en famille, qu'un mari, une femme, des enfants et voisins vous attendent. La violence faite aux personnes âgées dans notre société, c'est de ne plus avoir besoin d'eux. Leur vie est faite. Voilà. Comme si plus rien ne pouvait s'ajouter au parcours. Quel dommage ! on a besoin de leur expérience, de leur dialogue, de leur affection. Nombreux doivent être les retraités qui gardent souvent leurs petits-enfants et le vivent à la fois comme une pesanteur et une chance. Tout n'est pas noir ou blanc. 
    Je me souviens l'an dernier de mon départ en congé maternité. Mercredi 29 septembre, je quittais l'établissement pour 6 mois. Rien de traumatisant. Quand même, ça m'a fait drôle. J'y suis repassée deux ou trois fois, les gens viennent te parler avec plaisir, rien à signaler si tu restes dix minutes. Si tu restes une heure, tu vois que, quand même, ils ont autre chose à faire. Ils sont au travail, eux. Ce n'est absolument pas une critique de ma part, juste un constat : mes collègues sont vraiment chaleureux, mais les journées sont vraiment pleines aussi, il est normal de n'être qu'une petite parenthèse dans ce cas-là. Moralité, crée ton filet ailleurs pour un atterrissage en douceur, un filet qui dépende de toi, un réseau protéiforme toujours prêt à réceptionner la chute, d'où qu'elle vienne, et tu éviteras de te demander si la vie a un sens. 
    Le sens de la vie, c'est la vie.

vendredi 22 septembre 2017

Immersion

    Tous les ans, j'attends avec impatience de connaître mon emploi du temps.
    C'est une des choses que j'aime dans mon métier de prof : la géométrie variable des années. On recommence à zéro, à chaque rentrée, nouveaux élèves, nouveaux collègues, nouveaux horaires, et chaque période a sa coloration propre. J'ai eu ma phase "classes de 6e et 5e toutes évaluées par compétences", avec un groupe de collègues motivés. Je ne travaille plus avec eux cette année, hasard des répartitions, mais on se sait proche dans l'intention. Tout cela crée des liens et du partage. J'ai eu ma phase "vivement la sonnerie de 16h30 le vendredi", je ne l'entends plus depuis au moins trois ans car mon emploi du temps m'épargne cette dernière heure de la semaine.

    Soyons clair : le prof ne choisit pas son emploi du temps. Il émet, en fin d'année scolaire, des voeux, qui sont suivis ou non par le concepteur des emplois du temps (chez nous, le principal adjoint), selon les possibilités, le caractère raisonnable ou non de la demande, les aptitudes à manier le logiciel, l'envie de rendre service… Sincèrement, beaucoup de paramètres objectifs et quelques-uns subjectifs car nous sommes des êtres humains.

    Cette année, j'avais demandé à ne travailler que quatre jours sur cinq, à éviter la dernière heure du mercredi matin (qui me pose un gros souci pour récupérer les enfants à l'école) et… c'est tout. Ah si ! je marquais une préférence pour la libération du jeudi, journée peu demandée d'ailleurs par les collègues. C'était jouable. 
     Précisons que je suis à temps partiel et travaille 12h par semaine devant élèves (… et quelques heures en-dehors des élèves, voire beaucoup d'heures, soyons claire- mais c'est là un autre débat).
    Et j'ai découvert, le 31 août, mon planning : journées du lundi, mardi, jeudi. Mercredi et vendredi libérés !!! incroyable !!! Mais alors ? peut-être aurais-je droit à mon temps de solitude, le vendredi, enfin des moments seule à la maison, sans mari qui travaille dans le bureau, sans enfant qui m'interrompe de façon impromptue pour une sombre histoire de Lego à détacher ? (mon moyen a toujours besoin d'aide pour "enlever la tête du bonhomme Lego; en y réfléchissant, il décapite énormément ses Lego. Espérons que ça ne se paiera pas chez le psy dans quelque temps).
    Je présente le document à l'homme qui s'exclame, réjoui : "Eh, c'est génial, moi aussi j'ai mon mercredi et mon vendredi complet, une semaine sur deux !".
    Sourire figé sur mes lèvres. Ambiance "Le cri" de Munch à l'intérieur, qui s'est un peu extériorisé aussi puisque j'ai dû lâcher un "Oh nooooon !" assez révélateur.
    Oui. On peut aimer les gens et vouloir NE PAS LES VOIR TOUT LE TEMPS. Des pauses ! des pauses avec moi-même ! voilà ce dont j'ai besoin ! après un été complet à 5 voire 10 (famille restreinte ou famille étendue) j'étais assoiffée de solitude. Du silence ! pouvoir s'entendre penser ! pouvoir glander tranquille ! 

    Bref. Le petit va chez sa nounou le vendredi matin, l'homme a compris qu'il avait intérêt à oublier ma présence ce jour-là et j'ai décrété que chaque vendredi, je m'immergerais dans un livre, je me vautrerais dans la fiction (ou le documentaire, pourquoi pas), je m'avalerais autant de pages que quand j'étais enfant / ado / étudiante et que j'avais tout le temps pour ça.

    Le premier vendredi, il y a deux semaines, j'ai commencé très fort. Nos étoiles ont filé, d'Anne-Marie Revol. Un témoignage dans lequel elle raconte comment il a fallu traverser la mort de ses deux petites filles, Pénélope et Paloma, dans un incendie. Je me souviens être tombée sur ce livre par hasard à la bibliothèque : il dépassait en bout de rayon, le titre m'intriguait. J'ai lu le résumé. J'ai hésité. Je l'ai reposé. On était en juin, comme lecture de plage, c'était trop dur. Mais j'ai su que je le lirais quand je serais prête. Pas par voyeurisme. Plutôt comme une piqûre de lucidité : oui, tu es parfois fatiguée, impatience, oui, trois enfants obligent à se vaporiser dans tous les sens et on s'y perd un peu, mais quelle chance. Quelle chance de les avoir. Quelle chance de vivre des désagréments anodins. J'y repense souvent, depuis. Ton fils a une pneumonie ? Quelle chance. Car ça se soigne, et il va mieux, très vite. Quelle chance qu'on ait inventé la Ventoline. Ton grand boude car tu l'as vexé sans le vouloir, ou bien il rechigne à faire ses devoirs ? Quelle chance : ce ne sont que des contrariétés d'un quotidien normal. Merci de m'offrir une vie ordinaire. J'inventerai l'extraordinaire à l'intérieur, mais au moins, on vit. 
    Vendredi dernier j'ai avalé deux cent pages de D'après une histoire vraie, de Delphine de Vigan. Agréable à lire, intéressant pour son ambiguë autofiction, ça ressemble à un livre-confession mais s'apparente plutôt à un livre-jeu. Cela m'a donné envie d'écrire. De là à le faire, il peut s'écouler des siècles, mais voilà qui à soi seul justifiait que je m'y sois plongée. (et puis d'abord non : je plonge si je veux ! justifiable ou pas).
    Je m'apprête à m'immerger dans le dernier Fred Vargas, Quand sort la recluse. Il est ouvert, là, juste à côté de moi, à la page de ce matin - je l'ai entamé ce matin, avant le réveil des enfants. Danglard m'attend, Adamsberg s'impatiente, mais avec nonchalance, comme toujours. Ma boisson chaude a refroidi, je suis au chaud sous la couette. J'y vais !

jeudi 21 septembre 2017

Marché

    Attaque de virus, jour suivant : je tiens toujours ! mon moyen petit garçon a lancé hier, l'air mi étonné, mi indigné : "Nous, on a été quatre malades et toi t'es pas malade !? ". C'est pour mieux te soigner mon enfant…
    Hier, pour la première fois depuis longtemps, j'ai pu aller au marché bio. Petit marché qui se tient tous les mercredis soirs au parc, devant la mairie, et qui occasionne un nombre tendu d'incivilités au volant dans le parking adjacent. Encore que les clients du marché bio soient plutôt du genre pacifiques, globalement.
    J'ai trouvé une place à 17h01, à dix mètres seulement ; sachant que je devais être rentrée à 17h45 maximum, ce détail avait son importance.
    Le marché bio est un tout petit marché : une dizaine de stands, peut-être ? Je vais toujours aux mêmes, dans l'ordre de l'allée. 
- volailles : un poulet, 15,50e. 
- légumes : un kilo d'oignons, deux de carottes, un petit poivron, une grosse aubergine, un chou rouge. 15e
- deux fromages de chèvre : 4,60e
- un pain moulé aux graines, un sac de farine semi-complète de 5 kg : 11,20e
- une tranche de pâté de tête, un sachet de chair à saucisse : 9,50e
55,30 euros, mais pour des produits sans pesticides et autres adjuvants, produits par des vrais gens de façon très locale. 
    J'étais passée juste avant à la boutique bio pour prendre du tofu et du lait en poudre pour mon bébé. Eh oui. Ils ne vendent pas de tofu, au marché. Aliment que je n'utilise que pour une chose : mes petites soupes miso faites maison dans des dosettes, et que j'emmène au travail pour le déjeuner chaque midi.
     25,79e de plus, au total 81 euros environ. Mais que du nécessaire et que du bon.
    Je n'avais pas acheté de lait en poudre bio, pour mes aînés. Ma sensibilisation à ce sujet a nettement augmenté au fil du temps. Et comme le lait coûte de toute façon très cher, autant qu'il soit de bonne qualité. Mon bébé aime bien le Prémibio, je n'en ai pas essayé d'autre. Prémigest, plus exactement, puisqu'à la boutique locale on ne trouve que celui-là - et d'autres variétés chelou au lait de brebis / iguane / avoine…. Non. Je plaisante. Plutôt brebis, chèvre ou riz. Mais sérieux, lait de riz ??? je me trompe ou ça n'a rien à voir avec du vrai lait infantile ? Quand est-ce qu'on peut donner ça à son enfant ?
    Bref. La liste des courses sera à compléter ce soir quand j'aurai fait les menus de la semaine à venir, avec l'homme. Trop grosse flemme hier soir, mais remplir ce tableau au marqueur a tellement simplifié notre quotidien les jours précédents qu'il faut absolument qu'on s'y astreigne. Vous savez, les quelques minutes perdues qui vous font gagner des heures...

mercredi 20 septembre 2017

Lutte

     Tombera, tombera pas ?
    La semaine dernière, les enfants ont décliné leur virus chacun à sa manière : rhume, bronchite, bronche-pneumonie. Nous, les adultes, étions épargnés. Conclusion facile : plus on est petit, plus ce vilain virus est virulent. 
   Entre temps, mon conjoint a récupéré l'affaire, craché ses poumons, mouché son nez, eu le crâne au bord de l'implosion et le kleenex au bord de la poche.
     Traduction : une bonne crève des familles. Prenons en compte le facteur masculin : Tout homme plongé dans un début de maladie réagira comme si on lui arrachait les deux jambes. Bon. Ce n'est pas tout à fait ça non plus. Mais notons que l'homme aime bien partager sa souffrance, comme c'est arrivé il y a quelques mois ; au bout de moult lamentations sur son état d'épuisement, il m'avait regardée et avait déclaré : "Quand je pense que je te raconte tout ça, alors que toi, tu as accouché, j'ai honte ! " Lucidité fugace ou compassion amusante. 
    ( à propos d'arracher les deux jambes, ça me rappelle une histoire… mais je m'égare. Tant pis. Vous n'aurez pas l'histoire).
    Donc, le score est de 4/5. Quatre malades, une personne miraculeusement… mystérieusement… injustement ? épargnée. Moi. Autant dire que je guette l'arrivée de possibles symptômes. Qui, de fait, docilement, se manifestent. Si j'étais certaine de ne courir aucun risque, les aurais-je sentis ?
    La nuit, mal de gorge, persistant au matin : cuillerée de miel, huile essentielle de tea tree. Peut pas faire de mal. Valide pour aller travailler : les élèves auraient été fort déçus s'ils avaient su à quoi j'échappais (mais je leur ai dit dès la rentrée qu'ils ne devaient pas trop compter sur mes absences et le redoublant, qui me connaît, leur a confirmé par sa moue dégoûtée que non, rien à faire, elle est toujours là, la prof). Hier, bon état de forme général. Alerte balayée ? Ce matin, pieds gelés, sensation étrange, nez suspect. Douche d'huile essentielle tout à l'heure - enfin, non, quand même pas, mais assez pour sentir davantage la fleur de prairie que le riz cantonais. Que j'aime beaucoup mais moins en parfum que dans l'assiette.
   Moralité : alea jacta est. Qu'il en soit comme il en sera.
   Je reste pourtant persuadée que le dernier rempart est mental. Si je décide que tout ira bien, si je persiste, si je souris, inspire et me tiens droite, le virus ne m'aura pas. Si je commence à l'écouter, à le guetter, à attendre sa venue, il m'aura ferrée. C'est scientifiquement discutable mais je suis certaine qu'il y a du vrai. Je proteste. Dégage, virus. Tu as déjà bien travaillé. Tu t'es répandu partout dans cette maison. Oui je t'ai inspiré. Oui j'ai flanqué les mains dans la morve de bébé. C'est bon, tu es content ? Bon voyage. 
    Je décide, ici, maintenant, devant témoins, que j'ai une immunité exceptionnelle cet hiver.

mardi 19 septembre 2017

Noisettes

     C'est un de mes grands plaisirs d'automne. Ou petit plaisir d'été, à vrai dire : nous sommes mi septembre et même si la température au matin descend à cinq degrés, la saison n'est pas finie.
     Ramasser des noisettes. Cette année les premières petites noisettes sont tombées toutes fraîches fin août. Quelques jours après, une grosse récolte, d'un seul coup, qui m'a fait dire : et voilà, c'est déjà fini, après tout ça je ne trouverai plus grand-chose.
     Mais la noisette est le petit cadeau de l'obstiné. A chaque fois que je traverse dans le jardin, je finis penchée vers le sol, à chercher ces petites merveilles dissimulées sous les feuilles, par deux, seules, véreuses ou pas. A chaque fois que je vais innocemment jeter quelques restes aux poules ça me prend dix minutes alors qu'elles sont à vingt mètres, et je reviens la poche arrière gonflée de petites billes.
     Restons calme. Quand je parle de grosse récolte, il s'agit de quoi, deux kilos ? mettons trois en tout ? Pas de quoi ouvrir une SARL. Une bonne surprise pour nous, c'est tout - enfin pour moi. Les noisettes tout le monde s'en fiche un peu à part moi. Les enfants ont joué à chercher une fois ou deux mais se sont vite lassés. Mon homme ne ramasse rien au jardin. Je suis donc la seule acharnée en quête. J'assume.
     Les anciens propriétaires devaient aimer les noisettes car notre terrain renferme au moins six arbres et quatre variétés différentes. Les petites allongées, toutes nettes, de l'arbre vers la petite cabane. Les allongées plus larges, au joli bois plus sombre, du noisetier au feuillage pourpre ; celles-là ne sont jamais véreuses, étonnamment. Les plus larges au fond du poulailler et près du potager, que je ne récolte pas car elles sont souvent creuses et enfoncées dans les feuillages meubles. Et enfin, champion toutes catégories : le noisetier près du fil à linge et ses noisettes rondes. Ses petites billes que je croise à tout bout de champ et qui me font passer du temps à fouiller l'herbe. Mais quel miracle de trouver à manger là, comme ça, par terre - et en plus, quelque chose d'aussi bon que des noisettes.
     Parfois, j'en casse quelques-unes par avance. Les enfants les grignotent au dessert ou au goûter. J'en fais autant. J'aimerais en transformer une partie en praliné : un peu de casse et de cuisine à prévoir. Pour obtenir un des aliments les plus parfumés qui soit. J'en ai déjà fait il y a longtemps. Depuis j'ai acheté du praliné industriel, mais honnêtement… rien à voir.
     J'espère trouver encore quelques trésors à chaque fois que je traverserai le gazon.

dimanche 17 septembre 2017

Capteur

     Pas de paranoïa. Juste un constat. 
     Je viens de poser mon séant sous la couette. Vu le temps, lieu idéal. Match : extérieur, humidité 90%, température 16 degrés / Intérieur sec, vingt degrés, lit moelleux en option.
     Je m'apprêtais donc à "faire la sieste", selon l'expression avancée auprès des enfants (qui, eux, n'en ont aucune envie). Petite formule signifiant : maman monte dans sa chambre et entend y rester tranquille sauf cas de force majeure, oubliez son existence un petit moment.
     En vérité "faire la sieste" signifie surtout lire, écrire, flâner sur internet, ne pas faire grand-chose, réfléchir, et éventuellement, mais très rarement, dormir.
     Ma sieste se finit de façon impromptue et au bout de quelques minutes seulement. Et encore, je triche. Pendant que le petit dernier s'égosille, j'ai écrit ces quelques mots.
     Na !
     Et à présent je vais m'occuper de lui parce que la culpabilité maternelle est un merveilleux ressort, en mode automatique. Et puis quand même, il a une bronche-pneumonie et mérite encore plus de réconfort que d'habitude.
     Antibiotiques, cortisone, ventoline, et câlins, câlins, câlins.

samedi 16 septembre 2017

Souffle

     Hier, mon petit garçon a eu dix mois. Dix mois depuis qu'il a poussé son premier souffle, et voilà qu'il n'en avait plus guère. Trois éternuements la veille au matin : oh oh… le rhume arrive, me suis-je dit. Mais il était en pleine forme. Je travaillais toute la journée. Le soir, en rentrant, j'ai retrouvé un bébé fontaine, un nez qui coulait sur son visage, coulure qu'il étalait avec ses mains en voulant chasser la gêne.
     Heureusement, hier, j'étais à la maison. Nous l'avons gardé avec nous. J'ai appelé le pédiatre sans pouvoir joindre la secrétaire. Une fois, deux fois. Dix fois. A treize, j'ai laissé tombé, saisi mon bébé et suis partie directement au cabinet. Standard en panne, voilà pourquoi. Pour une fois, UNE FOIS que ce petit garçon est malade, il faut que ça tombe un jour de panne. Peu importe au fond : on a eu un rendez-vous, il a vu un médecin. Le même enchaînement de faits décalé d'une journée nous menait à gérer la maladie en plein week-end, sans pédiatre disponible et attendre des heures aux urgences avec trois enfants aurait été bien pire.
     Je voyais bien que le rhume descendait dans la trachée. C'était pire en fait. J'ai écouté les termes avec incrédulité. Broncho-pneumonie. Détresse respiratoire. Chez mon bébé ? le même qui allait bien trente heures plus tôt ? dont le visage était si calme que le médecin a pensé, au départ, que je venais pour rien ? 
    Nous sommes le lendemain. Il a retrouvé un peu de souffle, sa gaieté naturelle. Le pic est passé. La ventoline a dû aider. 
     Mon bébé a une pneumonie. C'est incroyable. Comme j'ai de la chance de vivre ça à une époque et un endroit où on a des solutions. Des molécules pour juguler l'infection, d'autres pour dilater les bronches. De quoi faire baisser la fièvre. Quelque chose à faire, quand on le retrouve brûlant, le souffle court, à une heure du matin. Quelque chose pour l'aider.
    Quelle chance de pouvoir se sentir un peu ridicule quand l'angoisse submerge : c'est bon, calme-toi, on va le soigner, et au pire il existe des hôpitaux, mais non il ne mourra pas de broncho-pneumonie, mais oui il va guérir.
     Je compatis avec toutes ces mères à travers le monde, à travers le temps qui observent la petite cage thoracique de leur enfant se creuser, sentent le petit corps brûlant contre le leur et ne peuvent guère plus que prier, surveiller d'un oeil craintif et guetter le signe d'un mieux-être. D'un être à nouveau. Le reculement du non-être.
     La première sécurité est là. Avoir la chance de maintenir ses enfants en vie.