samedi 23 septembre 2017

Retraite

    Hier soir, nous sommes allés au pot de départ de Catherine, organisé à son insu par les maîtresses. Catherine, c'est "la dame de la garderie", qui s'occupe des enfants matin et soir, qui a un côté franc du collier et ne mâche pas ses mots mais d'une générosité sans faille. L'an dernier, quand je ne savais jamais si / quand j'allais accoucher, si / quand on devait laisser ou non les enfants en garde, elle a été arrangeante au possible.
    Elle part donc en retraite mercredi. A priori, un moment que beaucoup de personnes attendent avec impatience. Faire tout ce qu'on veut de ses journées. Décider de sa vie. 
    Mais perdre du lien social aussi. Ne plus avoir l'obligation de se lever, de faire les choses. Très déstabilisant pour certains, j'imagine. C'est quelque chose qui se prépare, qui s'anticipe. Qui doit être follement agréable quand on est bien entouré, qu'on a des activités à en exploser un emploi du temps, qu'on occupe déjà beaucoup ses journées par soi-même. Pour quelques personnes ce doit être plutôt la sensation de se sentir éjecté du système. On n'a plus besoin de vous. Voilà ce que signifie ce passage. Ce qui ne pose aucun problème si, simplement "on n'a plus besoin de vous au travail" mais qu'on a besoin de vous ailleurs, en famille, qu'un mari, une femme, des enfants et voisins vous attendent. La violence faite aux personnes âgées dans notre société, c'est de ne plus avoir besoin d'eux. Leur vie est faite. Voilà. Comme si plus rien ne pouvait s'ajouter au parcours. Quel dommage ! on a besoin de leur expérience, de leur dialogue, de leur affection. Nombreux doivent être les retraités qui gardent souvent leurs petits-enfants et le vivent à la fois comme une pesanteur et une chance. Tout n'est pas noir ou blanc. 
    Je me souviens l'an dernier de mon départ en congé maternité. Mercredi 29 septembre, je quittais l'établissement pour 6 mois. Rien de traumatisant. Quand même, ça m'a fait drôle. J'y suis repassée deux ou trois fois, les gens viennent te parler avec plaisir, rien à signaler si tu restes dix minutes. Si tu restes une heure, tu vois que, quand même, ils ont autre chose à faire. Ils sont au travail, eux. Ce n'est absolument pas une critique de ma part, juste un constat : mes collègues sont vraiment chaleureux, mais les journées sont vraiment pleines aussi, il est normal de n'être qu'une petite parenthèse dans ce cas-là. Moralité, crée ton filet ailleurs pour un atterrissage en douceur, un filet qui dépende de toi, un réseau protéiforme toujours prêt à réceptionner la chute, d'où qu'elle vienne, et tu éviteras de te demander si la vie a un sens. 
    Le sens de la vie, c'est la vie.

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