jeudi 23 novembre 2017

Surprises

     Tout ne se passe pas toujours comme on le pensait.
     Je me suis réveillée spontanément à 4h38, tout à l'heure. Un peu tôt, même pour moi. La faute au vent qui souffle dehors, peut-être. Pas grave : ce serait parfait pour m'attaquer à mes pages d'écriture quotidiennes. 
     A l'instant où je décide de me lever pour de bon, le moyen ouvre la porte. Je le ramène dans sa chambre et vais voir ce qu'il a : un vilain rêve où un méchant garçon essayait de lui croquer le pied. Il a peur, pas sommeil et le menton qui tremble à l'idée de rester seul. Je commence à me dire que, bon, il peut toujours venir au lit pendant que j'écris à côté.
     Et puis petit bébé se met à pleurer à son tour, à pleins poumons. Un biberon à préparer, un câlin, etc…
     Un quart d'heure plus tard bébé est dans son lit. Moyen est allongé juste là et commente les touches lumineuses du clavier. Il est 5h26. Encore dans les temps pour écrire.

     Des surprises, on en a tous les jours si on prend le temps de les voir.
     Mon collège, ou du moins les enseignants, ont été agités par un changement d'horaires à voter mardi. Messages, réunion, réflexions, etc. Disons que nous étions globalement contre l'idée d'allonger la journée des élèves mais que la direction (et surtout la municipalité) le souhaitaient fortement. Peu importe notre cuisine interne. Toujours est-il qu'une collègue de SEGPA a fini par envoyer un message disant que les questions d'emploi du temps personnels des professeurs lui semblaient hors de propos, et que c'était quand même dingue d'arriver le matin après les élèves et de repartir le soir avant eux.
     Elle a une formation de prof des écoles. Elle a toujours fait des journées complètes. Je comprends donc que son fonctionnement soit par essence différent. Cependant son jugement m'a attrapée comme un coup derrière les genoux. Cela fait des années que l'on travaille ensemble, et voilà ce qu'elle pense de nous en réalité ? il était éclairant de le savoir en tout cas. J'ai hésité à répondre, après tout, à quoi bon. Et puis une collègue et amie m'a parlé de ce message l'autre jour. Elle en avait été blessée. Alors, finalement, j'ai répondu. Parce que si personne ne lui dit que son propos peut être blessant, comment savoir si elle l'a perçu? J'ai donc fini par répondre que si les collègues eux-mêmes partageaient le mythe du prof tire-au-flanc, c'était attristant. 
     Je ne cherche pas à la faire changer d'avis, peine perdue probablement, et chacun pense ce qu'il veut quoi qu'on en dise. Mais c'est tellement dommage de faire un mauvais procès. Aussi loin que je me souvienne j'ai toujours vu comme normale cette pratique qui consiste à être là pour ses cours et pas forcément là si on n'a pas cours (là pour qui ??? là pour quoi???). Il y a quarante ans, les profs étaient-ils déjà tenus pour des fainéants parce qu'ils ne faisaient pas 9h-19h ? Possible. D'ailleurs suffit-il de "faire ses heures" pour être efficace ? il s'en faut de beaucoup. Quelle que soit la profession, on connaît tous des laborieux et des rapides, des consciencieux et des personnes qui prennent la tâche avec mollesse. Ce n'est pas parce que le boulanger se lève à quatre heures que le pain est bon ou mauvais. C'est une circonstance, voilà tout.

     Bref. Je parle rarement travail, car ici n'est guère mon propos. Pourtant cette fois je reste sur un sentiment de gêne. J'aurais dû être plus frugale en mots, ne pas répondre au message (volontairement?) provocant. Je suppose. Et en même temps, si tout le monde passe son temps à se taire, c'est un acquiescement, une acceptation. Justement. Acceptation radicale. Voilà ce qui me semble la bonne option. Je ne demande pas à autrui de penser autrement. J'accepte le point de vue et le sentiment qu'il fait naître chez moi, de la tristesse. Pas pour moi d'ailleurs mais pour cette collègue qui travaille des heures et des heures et s'est sentie blessée. Quelle tristesse de blesser les gens de valeur.
     Il en est ainsi.

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